
CLAUDE-FRANÇOIS ACHARD,
LE REFONDATEUR
(Marseille, 23 mai 1751 - 29 septembre 1809). Fauteuil 23.
Docteur en médecine de l’université d’Avignon, où
il a été un des élèves préférés d’Esprit Calvet qui
lui a transmis sa passion pour la minéralogie, les
médailles et la bibliophilie, Achard devient à la fin de
l’Ancien Régime l’encyclopédiste de la Provence,
publiant sa précieuse
Description
en six volumes,
qui comprend, outre la topographie, les biographies
des hommes illustres et les vocabulaires provençal-
français et aussi français-provençal –premier dic-
tionnaire de thème de langue d’oc qui ait été publié.
Syndic du collège de médecine de Marseille, véné-
rable de la loge de la Triple union du rite écossais
rectifié, et à ce titre correspondant attitré du Lyon-
nais Willermoz, figure majeure de la maçonnerie
ésotérique du XVIII
e
siècle, membre fondateur de
la Société de philanthropie et, après la Révolution,
de la Société de Bienfaisance et Charité, qui existe
toujours, Achard entre à l’Académie à trente-cinq
ans, succédant à l’abbé Papon
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, le grand historien
de la Provence ; il en devient un membre assidu.
Secrétaire par intérim lors de la suppression des
académies par la Convention en 1793, il sauve
ses archives.
Adhérent du club des Jacobins, Achard devient en
1792 le premier fonctionnaire des affaires culturelles
que Marseille et son département aient connu.
Chargé de constituer la bibliothèque publique à
partir de celles des couvents supprimés, il déploie
une activité inlassable pour préserver livres, manus-
crits, pièces d’histoire naturelle et surtout œuvres
d’art et monuments. On lui doit la mise à l’abri des
sarcophages de Saint-Victor aussi bien que celle
du crâne de «l’hydrocéphale de Marseille» (Jean-
Louis Bourdini, vers 1565-1616), provenant du
couvent de l’Observance, qui est aujourd’hui dans
un vitrine du Muséum. Pour empêcher la démoli-
tion du clocher des Accoules, il n’hésite pas à le
réputer construit sur une tour antique. Il parvient
à faire annuler l’adjudication de la colonne torse
antique de la fontaine de Saint-Victor, qui figurait
dans ses listes des monuments à préserver. Au prix
de nombre de difficultés, il établit sous le Consu-
lat la bibliothèque dans le ci-devant couvent des
Bernardines (aujourd’hui lycée Thiers) et le musée
dans sa chapelle (aujourd’hui théâtre). Il publie un
intéressant
Cours élémentaire de bibliographie
en
trois volumes.
Dès 1799, Achard suit l’exemple d’ex-académiciens
parisiens pour contribuer à rétablir discrètement
l’Académie sous le nom du Lycée des Lettres et
des Arts, qu’il préside. Lorsque l’Académie est
restaurée en 1802, elle le nomme secrétaire per-
pétuel de la classe des Lettres. Achard incarnera
jusqu’à sa mort à cinquante-huit ans le Marseillais
des Lumières.
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ENTREZ À L’ACADÉMIE !
Marseille
L’HÉRITAGE DE
CLAUDE FRANÇOIS ACHARD
PAR
RÉGIS BERTRAND
J. GUÉNIN,
PORTRAIT DE C.-F. ACHARD
, HUILE SUR TOILE, 98 X 77CM.
© FONDS DE L’ACADÉMIE DE MARSEILLE. PHOTOGRAPHIE GÉRARD DETAILLE